Mes parents, qui devaient se lever à 5 heures du matin pour traire leurs vaches, tous les jours de l'année, sept jours sur sept, aimaient à dormir le dimanche après-midi. Parfois, nous allions dîner en famille, de grandes affaires avec des dizaines et des dizaines de tantes, d'oncles, de cousins. Et souvent, nous allions nous promener en voiture, histoire de juste changer les idées.
Iowaboy et moi faisons souvent une petite balade, en voiture ou à pied ou parfois les deux, un petit pique-nique ou promenade en canoë quand il fait beau. Depuis longtemps, je passe la fin de l'après-midi le dimanche à préparer mes cours, corriger des copies, calculer les notes, et ainsi de suite. Plus rarement, nous sortons manger, ou faire du shopping, ou aller au ciné...
Et vous ?
C'est quoi votre dimanche idéal ?
Merci à Georges Seurat pour l'illustration, Un dimanche sur l'île de la Grande Jatte que vous pourriez voir à l'Institut d'art à Chicago dans la collection de Helen Burch Bartlett si vous veniez me voir cet été.
C'est l'amie Janeczka qui m'a inspirée ce matin à rouvrir le cahier où j'avais hâtivement recopié mes poèmes favoris par Hafíz (parce que le livre était prêté par une étudiante à moi et je devais le lui rendre).
J'ai eu très envie de partager celui-ci avec vous.
COVERS HER FACE WITH BOTH HANDS
What We speak Becomes the house we live in. Who will want to sleep in your bed If the roof leaks Right above It?
Look what happens when the tongue Cannot say to kindness, "I will be your slave." The moon Covers her face with both hands And can't bear To look.
CACHE SON VISAGE AVEC LES DEUX MAINS
Ce que Nous disons Devient la maison que nous habitons. Qui voudra dormir dans ton lit Si le toit a des fuites Juste au-dessus De lui ?
Regarde ce qui arrive quand la langue Ne peut pas dire à la gentillesse, « Je serai ton esclave. » La lune Cache son visage avec les deux mains Et ne supporte pas De regarder.
Je viens d'apprendre que mon prof, mon ami, mon collègue, souffre d'un cancer du cerveau. C'est un glioblastome, aggressif.
Et l'ironie, l'ironie...
Cet homme, je le connais depuis plus de trente ans, lorsque j'étais encore au lycée. C'était un de mes profs de français à l'université où j'ai eu mes diplômes. C'est lui qui m'a appris la phonétique, la pédagogie, la patience et la gentillesse. C'est sans doute grâce à lui que j'ai continué mes études de français.
J'avais suivi le français pendant quatre ans au lycée et puisque la langue me plaisait beaucoup, j'avais décidé de faire une spécialisation secondaire (minor) ; l'anglais était mon premier choix. Or, j'ai dû aller voir cet homme pour faire un entretien, histoire d'être placée au bon niveau.
Il m'a gentiment reçue dans son bureau et on a bavardé un peu en français. Et puis il a dit que je parlais si bien, il était sûr que j'étais déjà allée en France.
Et je voulais lui dire que je n'étais pas encore allée en France.
Mais je ne pouvais pas penser au mot « encore ».
Et vous savez quoi ? Cet homme a attendu jusqu'à ce que je trouve mon mot.
Je ne sais pas pendant combien de temps il m'a attendue, mais en ce moment-là, j'étais sûre que trois mois s'étaient écoulés.
À la fin de l'entrevue, il m'a vivement félicitée pour mon français, je me sentais super bien, et définitivement amoureuse de la langue française.J'ai tout de suite décidé de me spécialiser en français aussi.
Plusieurs années plus tard, lors d'un stage à Angers, j'ai assisté à une conférence que ce même prof donnait en anglais pour expliquer quelque chose (j'oublie maintenant quoi) et j'ai failli tomber de ma chaise. L'homme devant moi, qui ne m'avait jamais prononcé un mot sauf dans son français impeccable, parlait avec un LOURD accent de la côte Est. C'était en ce moment-là que je me suis rendu compte qu'il ne venait pas d'Iowa, mais du Connecticut !
On est devenus collègues lorsque je suis devenue prof de français, et il m'a fait le grand honneur de mettre mon nom dans l'avant-propos de son manuel, me citant comme quelqu'un auquel il était reconnaissant. Cela m'a coupé le souffle quand j'ai su.Lui, reconnaissant ? Cet entretien d' il y a si longtemps a changé ma vie pour toujours !
Mais bon, l'ironie, l'ironie...
L'ironie, c'est que cet homme, qui a fait de sa vie un triomphe de son amour de l'enseignement de la langue française et la culture francophone aux anglophones, a perdu la parole, ce qui était la première indication qu'il avait un gros problème de santé.
Je suis déchirée, et je pleure en tapant ces mots...en français, grâce à lui, l'homme qui m'a permis de vous connaître tous.
P.-S. : Je viens de savoir qu'il se remet superbement de sa chirurgie, qu'il a marché aujourd'hui sur la plage (dans le Texas) et qu'il parle parfaitement, l'anglais et le français. À chaque jour, son petit miracle !!
C'est son anniversaire ! Il aurait 200 ans aujourd'hui s'il était toujours en vie. Tout enfant américain apprend des choses sur Lincoln.
Quand tu es petit, tu apprends que c'est lui qui a libéré les esclaves, nous dit-on. Que c'est lui sur la pièce d'une cenne (one cent) et aussi sur le billet de cinq dollars. Qu'il est né dans une cabane. Qu'on l'appelait "Honest Abe" (Abe honnête) parce qu'il faisait beaucoup de choses qui prouvait qu'il était honnête -- par exemple, on sait qu'il a travaillé avec ses mains, qu'il connaissait la pauvreté, mais aussi l'humilité, qu'il a travaillé six mois pour repayer des livres qu'il a empruntés qui ont été accidentalement ruinés, qu'il a marché plusieurs heures pour rendre de l'argent à un client qui avait trop payé à la commerce où il travaillait, et ainsi de suite.
Plus tard, si tu es un jeune Américain, tu apprends le Gettysburg Address, souvent par coeur, ce discours qui a été hué le jour où il l'a donné, car il était trop court !
Récemment, on a beaucoup parlé de Lincoln, surtout en remarquant l'histoire de notre pays entre son assassinat et le mandat d'Obama. Certains disent que d'avoir un Président noir juste 150 ans après Lincoln est vraiment étonnant. D'autres trouvent que c'est honteux qu'il ait fallu si longtemps.
Ce que tu n'apprends pas à l'école, c'est qu'il souffrait de la déprime. Qu'il n'a pas pu épouser la fille qu'il aimait. Que sa mère biologique est morte quand il avait deux ans, et qu'il a été élevée par sa belle-mère, Sarah. Que sa scolarité n'a duré que dix-huit mois. Qu'il a vu mourir deux de ses trois fils qui sont tous morts avant leur majorité.
Le plus surprenant, c'est qu'il n'a jamais été membre d'une église. Celui-là m'époustoufle -- il ne pourrait pas se faire élire ces jours-ci !Mais un jour, peut-être 150 ans d'ici...
Aujourd'hui, le Président est allé à Ft Myers, Florida, où c'est la pleine crise de logement, le pire du pays. Une dame, Henrietta Hughes, a demandé de l'aide au Président parce qu'elle et sa famille vivent actuellement dans un "véhicule" et parce qu'il y a deux ans d'attente pour un logement subventionné par le gouvernement.
Le Président, tout en disant qu'il y a beaucoup de personnes qui sont dans le besoin, lui demande son nom, et puis il lui fait un bisou sur la joue.
Sur la même image, on voit une dame à gauche qui dit "I love you, Barack", c'est clair pour ceux qui savent lire sur les lèvres.
Les brouillons ne sont pas toujours écrits, parfois ils sont chantés. Amie mariev m'a demandé d'écrire une chanson pour son chien. En voici un premier jet...
Alors, voici, quelques heures plus tard, une version plus complète... (le meilleur c'est que je pense que mariev est en vacances...encore eût-il fallu qu'elle partasse afin que je complète mon sous-chef d'oeuvre ! OH WELL !)
Même les gens les plus infatigablement positifs ont parfois besoin de soutien ! Ah, sisisisi, je t'assure ! Mais souvent, il n'y a pas de mots.Notre réconfort peut (et doit) toutefois venir d'autres sources.
C'est pour cela que j'adore passer devant ce sapin qui se trouve à 80 km de chez moi qui se trouve sur la route que je prends pour aller chez ma mère. Il y a quinze ans, ce grand arbre majestueux est tombé. Oh, j'étais malade, ce joli arbre ! Détruit ! Quel désastre ! Je suppose que parce que plus personne n'habitait la maison, on n'a pensé à ramasser les dégâts. À chaque fois que je passais devant je me disais « Mais quelle horreur ! Quelle tristesse ! ».
Et puis, un jour en le passant, je me suis dit « Mais c'est pas possible ! Cet arbre est encore vert ! » Je me suis dit que je me trompais. Après tout, on ne peut pas bien regarder lorsqu'on est censé conduire et regarder la route.
Mais c'était vrai. J'ai bien vu en rentrant chez moi que les branches en haut n'étaient pas mortes.
En fait, elles étaient en train de se transformer elles-mêmes en arbres.
Dimanche, nous sommes passés devant, exprès, afin que j'en fasse des photos.Tiens, regarde...
À retenir pour quand tu penseras que tout est perdu. Ce n'est pas le cas. Nous avons toujours les souvenirs de ce qui était beau et l'espoir pour ce qui le deviendra.