Il y a des jours où les 55 km à mon boulot ne me semblent pas très embêtants.
À la radio ce matin, on racontait l'histoire d'une compatriote, Dorothea Lange, une photographe des années trente qui a fait des photos super bien connues des gens pendant la Grande Crise. Elle se connaissait en portraits, et le gouvernement l'a engagée pour documenter l'Amérique de l'époque. Malheureusement, les photos n'étaient jamais publiées avec les légendes qu'elle avait écrites, et elle en était furieuse.
Ce portrait est de Florence Thompson, qui est devenue le visage anonyme de cette époque.
Voici comment Lange décrivait la scène :
J'ai vu et j'ai abordé la mère affamée et sans espoir, comme si tirée par un aimant. Je ne sais pas comment j'ai fait pour lui expliquer ma présence ou mon appareil, mais je me souviens bien qu'elle ne m'a posé aucune question. J'ai fait cinq prises, m'approchant de plus en plus du même sens. Je n'ai demandé ni son âge, ni son histoire. Elle m'a dit son âge, qu'elle avait trente-deux ans et qu'ils existaient des légumes gelés dans les champs autour et aussi des oiseaux que les enfants tuaient. Elle venait de vendre les pneus de sa voiture pour acheter de la nourriture. Là, elle était assise dans cette baraque de tente avec ses enfants autour d'elle, et elle semblait se rendre compte que mes photos pourraient l'aider, et alors, elle m'a aidée. Il y avait une sorte d'égalité dans l'affaire. (ma traduction de la citation de Wikipedia)
Lors de l'interview à la radio, l'auteure de la nouvelle biographie à propos de Lange a dit que Thompson a fini par placer ses enfants dans des familles d'accueil, et qu'elle a eu un petit boulot avec le gouvernement.
Ceux qui s'y intéressent trouveront beaucoup plus d'images par Lange chez Google Images.
Moi, j'ignorais l'histoire de cette femme remarquable, qui a survécu à la polio, et qui a incroyablement réussi à préserver, photographiquement, une période noire de l'histoire des États-Unis.
J'ai hâte de lire la nouvelle biographie par Linda Gordon.