Monsieur le Président :
Merci beaucoup pour la carte postale. Je ne vais pas oublier de voter. Ma grand-mère est née à une époque avant que les femmes ne puissent voter aux USA. Vous avez raison que c'est très important. Et c'est sympa que vous disiez (enfin) que vous avez besoin de moi.
Parce que moi, j'avais besoin de vous. J'avais besoin que vous agissiez aux intérêts de ceux qui vous ont élu. J'avais besoin que vous arrêtiez les deux guerres. Vous ne l'avez pas fait. Changer le nom de ce qu'on fait en Iraq n'est pas y mettre fin. Vous avez même fait grandir la guerre en Afghanistane. Pourquoi ? S'il vous plaît, vous pourriez au moins dire la vérité : tout cela n'a rien à faire avec la démocratie. Rien du tout. Et pire, vous avez directement promis de fermer Gitmo. Cette prison existe encore, et jusqu'en 2009, on continuait à y torturer les gens.
Chez nous, j'avais besoin que vous établissiez les assurances maladie nationales. Vous ne l'avez pas fait, et même avant que le Congrès ne le fasse, vous aviez dit que cette option n'était pas importante. Où étiez-vous en août 2009, quand la haine et la rage déchiraient ce pays, quand les plus forts et les plus bruyants ont pu faire taire la voix de la raison. Disparu. Pas une seule fois ne vous êtes-vous montré au public, ce mois-là. Pas une seule fois.
J'avais besoin que vous régularisiez le statut des gays dans mon pays - où tout le monde est censé être égal - que vous leur permettiez de servir leur pays ouvertement et que vous reconnaissiez leur droit d'établir légalement une vie ensemble. Vous ne l'avez pas fait. Avant les élections, on murmurait que vous n'aimiez pas les gays. Je commence à croire que c'est vrai.
J'avais besoin que vous faisiez ce que vous aviez promis, que vous remettriez les gens au travail à reconstuire ce pays. Vous ne l'avez pas fait. Oui, vous avez donné beaucoup d'argent au Wall Street. Mais Wall Street n'a rien du tout fait pour le peuple américain, à part prendre leur argent en leur faisant un grand pied-à-nez. Vous avez racheté les grosses voitures à certains. Chouette, mais monsieur le Président, ne vous êtes-vous pas rendu compte qu'il n'y avait que des riches qui pouvaient se permettre une voiture, sans parler d'une grosse voiture qui bouffe l'essence ? Les pauvres de ce pays n'ont absolument pas profité de ce geste.
Je pourrais continuer, mais cela commence à faire long, et je sais que les gens qui me lisent vont me trouver trop pleurnicheuse. Ils auront sans doute raison.
Rassurez-vous, monsieur le Président, je vais voter mardi. Et je vais voter pour les gens de votre parti, ceux que vous avez oubliés pendant si longtemps. Je vais voter pour eux parce que les autres sont plus menteurs et cyniques que vous. Si vous perdez vos majorités au Congrès, ce ne sera pas par ma faute. Ce sera, hélas, par la vôtre. Quand même les gens d'esprit ouvert sont déçus, vous êtes obligé de reconnaître que vous avez gaspillé la majorité et les deux premières années de votre mandat.
Certains disent que c'est ce que vous voulez, que vous pourrez blâmer le Congrès pour le manque des progrès. D'autres disent que vous n'avez pas encore eu le temps d'agir. Ils ne comprennent pas qu'aux États-Unis, on fait ce qu'on promet de faire, et qu'on n'attend pas quatre ans pour commencer.
Monsieur le Président, je ne vous déteste pas, au contraire. Je vous aime beaucoup. Vous êtes classieux et intelligent, juste trop conservateur pour mon goût. Je reconnais aussi que cela aurait été impossible de livrer tout ce qu'on avait espéré dans les premiers jours joyeux où vous avez été élu. Mais une ou deux petites choses d'accomplies, cela n'aurait pas été du refus.
Sans rancune, et bon courage pour les résultats,
Iowagirl